Document n° 10 Jean-Thierry Maertens, Une liturgie déchantée
Jean-Thierry Maertens fut un acteur important de la fin du mouvement liturgique en Belgique, elle-même terre majeure de tout ce mouvement depuis le début du 20e siècle. Bénédictin de l’abbaye de Saint-André à Bruges, il rejoint l’équipe de l’ « Apostolat Liturgique » alors sous la direction du P. Théodore Ghesquière, lui-même successeur du P. Gaspar Lefèbvre (fameux pour son Missel des fidèles). Il fut lié à plusieurs autres acteurs du mouvement liturgique, comme par exemple Joseph Gelineau (et la collection Église qui chante). Il fut responsable de Paroisse et liturgie et a animé l’Année de pastorale, qui a formé de nombreux prêtres belges. Pour le dire autrement, Jean-Thierry Maertens fut un acteur de terrain, là où les études liturgiques retiennent souvent plutôt les chercheurs érudits. Cela donne à ses souvenirs et réflexions – ici publiés sous la forme d’un entretien accordé en 1999 et resté inédit – une valeur documentaire intéressante pour la recherche liturgique, particulièrement pour la période immédiatement préconciliaire du mouvement liturgique. Ses propos sont marqués par l’itinéraire personnel postérieur qui a conduit Jean-Thierry Maertens hors de la vie consacrée et dans une carrière académique au Québec. Le ressentiment est très présent dans ce texte, mais cela n’invalide pas l’utilité de proposer à un large public de chercheurs ses considérations. Il en est de même pour certaines imprécisions ou raccourcis. L’histoire contemporaine de la liturgie gagne à intégrer le plus de sources possibles permettant de retracer et de comprendre le développement de la promotion de la participation active à la liturgie de tous les baptisés. Par respect pour l’auteur, entendons aussi son propre souhait sur ces entretiens : que ce soit perçu non pas d’abord comme une autobiographie, mais comme « une anamnèse du fil conducteur susceptible de se dérouler d’une structure sociétale à une autre par la reprise, même à tâtons, de toute une vie dans le questionnement des idéaux et de leur articulation ». Avec nos remerciements à Madame Maertens qui nous a confié la publication de ce manuscrit.
Arnaud Join-Lambert (Université Catholique de Louvain)