Recherche n° 21 Andrée Romary, Les textes bibliques de violence en catéchèse, impossibles ou nécessaires ?
Aborder la question de la place en catéchèse des récits bibliques perçus comme violents est osé et courageux. L’attitude est trop souvent de se résigner et de les ignorer.
La problématique traitée ici est au carrefour de deux thèmes : la violence dans nos vies et la Bible en catéchèse.
Andrée Romary s’empare de ces récits pour les travailler à nouveaux frais et repérer les failles d’un raisonnement qui les enferme et les réduit à un seul message de violence. Elle mène une analyse exégétique rigoureuse pour scruter les signes de la révélation de « la douceur de Dieu au creux de la violence humaine », selon ses propres termes. Elle compare alors les résultats de ses analyses avec quelques documents catéchétiques qui ont recours à ces mêmes récits.
Dans la première partie, elle étudie la place de la Bible par rapport au contenu et à la transmission de la foi. Elle a recours à ses compétences d’enseignante spécialisée et de psychologue scolaire pour analyser l’engrenage de la violence dans la vie et montrer comment cette expérience peut guider le lecteur confronté à des récits bibliques de violence.
L’étude exégétique porte sur 4 récits. Ses études sur les deux récits de l’Ancien Testament sont regroupées sous le titre « Dieu avec les hommes contre le Mal ». Elles portent sur Gn 6,1 – 9,17, « le dernier déluge et la première expression de l’alliance », Ex 14,1 – 15,1 « la liberté des esclaves et la naissance du peuple de Dieu ». Pour le Nouveau Testament, l’étude porte sur Jn 2,13-22 « Jésus chasse du Temple les marchands » et Jn 19,13-37 « condamnation, exécution et mort de Jésus. »
Les documents catéchétiques analysés ensuite ont recours aux récits de la Passion. Ils s’adressent à des enfants de 8-10 ans. L’analyse démontre la nécessité de ne pas écarter en catéchèse les récits considérés comme violents. Ils contribuent à guider le catéchisé vers Dieu, dans un maillage subtil entre résilience et pédagogie d’initiation. « Le creux de la violence peut devenir lieu de la présence du Père et d’une union plus concrète avec lui. »
On ne peut qu’inviter à se plonger dans ce travail sérieux et courageux qui réconciliera de nombreux catéchètes avec des textes bibliques violents et ouvre de nouvelles perspectives.
Christophe Raimbault (Institut catholique de Paris)