Recherche n° 1 Agathe Brosset, Partenariat et compagnonnage : de nouveaux modes de “faire Eglise”
Cette thèse d’Agathe Brosset a été soutenue le 23 juin 2010 à la faculté de théologie d’Angers. Elle représente un véritable travail de théologie pratique à partir d’une analyse d’interviews menées auprès d’équipes et de responsables d’aumôneries hospitalières. L’utilisation des concepts de compagnonnage et de partenariat s’avère opérante pour manifester l’émergence de nouveaux modes de « faire Eglise » dans ce champ pastoral.
Le cheminement de la réflexion nous amène de l’analyse détaillée des pratiques (première partie) à la présentation des éléments d’analyse anthropologique et sociologique (deuxième partie) avant d’aboutir à un approfondissement ecclésiologique où l’Eglise se fait « partenaire » et « compagne » (troisième partie).
Ce long parcours manifeste une véritable mutation en cours dans ce champ de la pastorale où l’Eglise est à la fois invitée et s’invitant à venir dans les établissements de santé, tout en restant ajustée au cadre de la laïcité française. Ce statut particulier de l’Eglise provoque d’autres manières de vivre la mission d’accompagnement des personnes malades.
L’analyse démontre que l’articulation d’un mode de compagnonnage – avec les malades et entre les membres d’une équipe d’aumônerie – et d’un partenariat avec les professionnels de santé transforme peu à peu le mode de « faire Eglise ». L’utilisation des concepts anthropologiques et sociologiques aurait pu être affinée pour en montrer la charge idéologique mais ils renouvellent de manière heureuse la réflexion ecclésiologique.
Ainsi, même si la notion de partenariat entre les membres des aumôneries et les professionnels de santé reste du côté de l’utopie qui tire en avant les personnes sans être vécue très fréquemment sur le terrain, elle permet une posture missionnaire où l’Eglise ne se vit plus comme « rivale mais comme interlocutrice et partenaire de dialogue » avec la société laïque. Ceci permet à l’auteur de déployer une ecclésiologie missionnaire fidèle à des accents de la constitution pastorale Gaudium et Spes. La notion de compagnonnage, visiblement plus ancrée dans la réalité de cette pastorale, donne l’occasion de mettre en valeur une ecclésio-genèse où « l’Eglise naît de la rencontre d’autrui » et de la Parole de Dieu partagée en équipe d’aumônerie.
Cette croissance de l’Eglise par le compagnonnage ouvre toute une série de réflexions sur la sacramentalité de la vie et sur l’Eglise « sacrement de la rencontre » qui s’enracinent nettement dans le travail théologique de Christoph Theobald.
Gwennola Rimbaut (Université Catholique de l’Ouest)