Actes n° 7 Une pédagogie de résurrection. La pédagogie catéchétique spécialisée interroge la responsabilité catéchétique de l’Eglise. Actes de la journée d’étude de l’ISPC, 15 novembre 2007 (Dir. F. Moog)
Cette publication rend compte des travaux d’un séminaire fermé sur la catéchèse avec des personnes en situation de handicap. Celui-ci s’est tenu entre chercheurs et praticiens de France et du Québec à l’occasion de la réédition de l’ouvrage d’Henri Bissonnier Une pédagogie de resurrection (éd. Don Bosco, 2007). Par les interventions de J. Audinet, N. Fabre et R. Brodeur ainsi que par le compte-rendu des échanges entre les participants, il apparaît clairement que ce que l’on appelle en France la pédagogie catéchétique spécialisée (PCS) est loin d’être un simple processus d’adaptation d’un contenu à des personnes en situation de handicap. Alors, considérer que la PCS puisse être une catéchèse allégée n’a aucun sens. Il faut bien au contraire considérer que la PCS situe l’Eglise au cœur de sa responsabilité catéchétique face à des questions théologiques de premier ordre. Le séminaire a ainsi permis de montrer la nécessité de considérer et de reconnaître la personne handicapée ou inadaptée avec les ressources du Mystère pascal. Mais cela ne signifie pas seulement développer une spiritualité du handicap à partir de la Croix, pour comprendre la vie des personnes en situation de handicap dans la contemplation du Christ exclu et défiguré ou de son corps meurtri. Il s’agit bien plus, à la lumière de la Résurrection, de dévoiler la dignité de ces personnes, une dignité qui ne réside pas dans leur handicap mais dans leur humanité sauvée, rachetée, justifiée par le Ressuscité. On conviendra assez aisément que ce dévoilement de la dignité humaine et cette reconnaissance de la grandeur de la personne humaine sauvée par le Christ doivent être au cœur de toute catéchèse. Mais la catéchèse avec des personnes atteintes d’un handicap le souligne très fondamentalement. De la même manière, la question de la communication, centrale en catéchèse, se trouve profondément renouvelée. La PCS ne cesse de souligner l’urgence de construire des langages multiples et de les articuler entre eux. On ne peut considérer la relation catéchétique à partir du seul langage verbal articulé. La catéchèse requiert d’activer bien d’autres langages, notamment le langage symbolique. La PCS renvoie alors toute réflexion sur la catéchèse à la capacité de l’Eglise d’investir ces langages et de mettre en œuvre des processus de symbolisation pertinents pour les hommes et les femmes d’aujourd’hui. Cette publication rend ainsi un réel service : elle montre comment une réflexion sur les pratiques catéchétiques dans des cadres limites renouvelle la conscience de l’Eglise, la théologie catéchétique et les pratiques pastorales. Ceux qui désirent poursuivre la réflexion découvriront avec profit que ce séminaire a inauguré un projet de recherche ayant aboutit à l’ouvrage de C. Fino et A. Herbinet (Dir.), La pédagogie catéchétique spécialisée (ISPC/Le Sénevé, 2011).
François Moog (Institut Catholique de Paris)