Recherche n° 31 Chantal Paisant, Groupes bibliques, lien social et chemins de sens
La thèse de Mme Chantal Paisant n’est pas une thèse de théologie cependant elle est très importante pour la théologie pratique. En effet, cette thèse travaille une réalité pratique des confessions chrétiennes et juives : la lecture de la Bible en groupe. C’est à partir d’une double perspective que Chantal Paisant a mené sa recherche : celle des sciences de l’éducation et celle de la psychologie ce qui correspond à une double direction de deux facultés différentes. La thèse soumise à débat peut se résumer ainsi : ce qui se passe dans un groupe biblique est un processus de transformation des participants par l’acte de lecture qui est à la fois individuel et collectif et que l’auteur nomme : la reliance générative. Nous pouvons souligner quatre intérêts à lire cette thèse :
-La qualité scientifique de ce travail qui sait articuler d’une part des entretiens qualitatifs dont l’épistémologie est parfaitement justifiée, même si cela peut être l’occasion d’un débat, avec d’autre part une théorisation par une somme d’auteurs et de lectures tout à fait impressionnante parfaitement lue et synthétisée.
-En monde francophone je ne connais pas d’étude de ce niveau sur les groupes bibliques avec cette perspective de comprendre la fécondité individuelle et collective d’un acte de lire la Bible en groupe. C’est donc tout à fait bienvenu pour les théologiens de la catéchèse des confessions chrétiennes mais aussi pour les biblistes.
-Chantal Paisant nous laisse un travail utile scientifiquement, utile aussi pour les pratiques éducatives et pastorales. Utile parce que les analyses sont fines, mais pas fermées, utile aussi parce que Chantal Paisant nous livre l’interface de son travail, ses épistémologies, ses questions et aussi au dernier chapitre un point de vue d’anthropologue par immersion comme participante d’un groupe. Bref cette thèse a cette ambition de croiser les disciplines avec bonheur, la psychologie, la sociologie, les sciences de l’éducation, la philosophie, pour se centrer sur un objet unique la lecture de la Bible.
-Le lecteur appréciera que l’auteure ne soit pas tombée dans le piège ou la facilité que nous observons encore dans des études empiriques ou en théologie des pratiques, de faire une partie pratique plutôt descriptive, avec des chiffres et des méthodes et une partie théorique de commentaires. Les entretiens avec les participants aux groupes bibliques ne sont pas cantonnés en première partie mais continuent d’alimenter la réflexion théorique tout au long de la thèse et l’articulation théorie pratique devient plus visible.
Cette thèse est indéniablement une base de travail pour d’autres chercheurs.
Prof. Joël Molinario, Institut catholique de Paris
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