Recherche n° 3 Raphaël Manikiza, La mémoire eucharistique au regard de la théorie de l’ordre symbolique chrétien de Louis-Marie Chauvet
Le mémoire de master présenté en 2011 à l’Université catholique de Louvain par Raphaël Uweniza MANIKIZA est remarquable à plusieurs titres. Il s’empare d’une question essentielle longtemps marginalisée dans la théologie sacramentaire : la dimension de mémorial dans l’eucharistie. Il exploite à merveille les apports de Louis-Marie Chauvet à travers le prisme particulier de la mémoire.
Les études sur Chauvet ou grâce à la théologie de Chauvet sont rarement aussi bien maîtrisées que celle-ci, permettant de valoriser et d’amplifier la réception de cet incontournable de la théologie contemporaine.
Voici des éléments de l’auteur lui-même présentant son parcours. Il montre que la théorie de l’ordre symbolique ecclésial de Chauvet permet d’articuler une théologie qui définit la mémoire eucharistique comme un geste symbolico-prophétique.
Symbolique, parce que ce geste manifeste l’unité des trois piliers interactifs de l’identité chrétienne : l’herméneutique des Écritures, les célébrations liturgiques et l’engagement éthique. Prophétique, parce qu’il manifeste, grâce à l’espérance messianique qui l’habite, l’unité morcelée de la réalité, à restaurer ; autrement dit, le triomphe de la réconciliation sur toute forme de division ou de violence. Le caractère poïétique (« faites cela”¦ ») de l’anamnèsis est salutaire, dans la mesure où il peut permettre au peuple chrétien de trouver un point d’équilibre entre, d’un côté, l’obligation de maintenir vivante la mémoire du Seigneur, et, de l’autre, la foi indéfectible en la présence du Ressuscité dans l’eucharistie.
Dans un premier chapitre, il effectue une étude de type thématique, explorant six principaux domaines où s’est cristallisé le débat contemporain sur le mémorial : l’exégèse biblique, la théologie biblique, les lectures contemporaines de la théologie sacramentaire de Thomas d’Aquin, la théologie des mystères d’Odon Casel, la doctrine eucharistique œcuménique, et enfin la théologie fondamentale pratique de Jean-Baptiste Metz. De cette étude thématique et synthétique, il ressort que la notion biblique de mémorial est une notion active qui unit le passé, le présent et l’avenir des rapports de l’homme avec Dieu, et qui, par conséquent, met en jeu, de plusieurs manières, trois grandes composantes de la foi chrétienne : le récit biblique, le culte et la pratique éthique.
Dans un deuxième chapitre, il cherche à approfondir les rapports qui existent entre ces trois composantes, à l’aide de la théologie de Louis-Marie Chauvet, en se focalisant sur trois concepts : la médiation de l’ordre symbolique ecclésial, le procès eucharistique et le mystère pascal dans la théologie sacramentaire.
Dans un troisième chapitre, il propose une théologie renouvelée de la mémoire eucharistique, menant en quelque sorte une réflexion systématique sur la mémoire eucharistique, avec comme points d’articulation l’Église, l’Écriture, le sacrement, l’éthique et la pratique pastorale.
Arnaud Join-Lambert (Université Catholique de Louvain)