Actes n° 25 Des femmes avec des hommes en Église (Dir. Catherine Chevalier, Régine Habay, Martine Henao)

Des femmes avec des hommes en Église… Voilà une question que l’actualité remise en avant ces jours-ci, avec les débats provoqués par la visite du pape François à l’UCLouvain (29 septembre 2024) et surtout la réflexion et les échanges que cette question a suscités au sein de la salle d’audience Jean XXII, transformée en « aula synodale » au cours du mois d’octobre 2024.
Le cahier qui porte sur ce sujet et que nous présentons est le fruit d’une expérience toute particulière… et il représente en quelque sorte une exception parmi les Cahiers internationaux de théologie pratique : il s’agit de la mise en ligne, dans une transcription écrite, de six émissions de radio créées pour l’antenne RCF-Bruxelles. Même si on n’y retrouve pas sur tous les plans le niveau de langage académique habituel des CITP – il s’agit d’émissions d’un niveau de bonne ou très bonne vulgarisation – les prises de paroles de très bonne tenue scientifique et les solides bibliographies qui les fondaient ont conduit à accueillir cette publication au sein de la série « Actes ».
Pour lire avec fruit ce cahier, il peut être éclairant d’en connaître la genèse qui, ici aussi, nous renvoie à l’expérience synodale. En effet, beaucoup d’entre nous s’en souviennent, le 9 octobre 2021, à l’initiative du pape François, l’Église catholique entreprenait une large consultation pour se mettre à l’écoute des baptisés, en vue du synode sur la synodalité. Coïncidence ? Au même moment, un groupe d’une vingtaine de personnes de Bruxelles et du Brabant Wallon, interpellées par l’avenir institutionnel de notre Église, décidait de se réunir pour mieux appréhender les multiples raisons des blocages qui affectent la pleine reconnaissance des responsabilités des femmes en milieu ecclésial. L’itinéraire de lecture proposé par Anne-Marie Pelletier dans son ouvrage L’Église, des femmes avec des hommes (Paris, Cerf, 2019) leur a servi de guide pour mener à bien leur réflexion. Cette expérience de lecture invite à accorder une attention particulière à la signification du petit mot « avec ».
Forts et fortes de cette expérience de réflexion conduite de façon synodale, les membres de ce groupe ont été sollicités pour rendre compte de leurs acquis et de leur questionnement dans une série d’émissions diffusées sur l’antenne de RCF Bruxelles. C’est ce mot « avec », porteur de la relation entre les hommes et les femmes, qui est le fil conducteur des 6 émissions que comporte cette série. Le document qui suit en est la transcription.
Les deux premières émissions abordent la question de la relation des femmes avec les hommes sous l’angle biblique.
La première qui s’appuie sur l’Ancien Testament adopte une approche critique à l’égard de la tradition interprétative séculaire, porteuse d’un point de vue essentiellement masculin. Sur base des apports de l’exégèse postconciliaire, elle ouvre l’interprétation pour redécouvrir le projet originaire du Créateur qui est une invitation à revisiter continuellement les relations d’altérité et à s’ajuster entre hommes et femmes à la Parole créatrice.
La deuxième émission, néotestamentaire, s’arrête à la rencontre de Jésus avec la Samaritaine. Plutôt que de faire état de critères de sainteté spécifiquement féminins (virginité, maternité, vie conjugale, service…), ce récit rend témoin d’un itinéraire de conversion qui s’accomplit dans une vocation commune de disciples, femmes et hommes.
La troisième étape propose une relecture historique des rapports entre ministres ordonnés et baptisés. Les figures de l’évêque puis du prêtre vont au fil du temps être de plus en plus sacralisées et le focus sur la sainteté du prêtre vont jouer au détriment de celle de tous les baptisés. Le concile Vatican II a travaillé à rééquilibrer la place de chacun au sein du peuple de Dieu… Un travail qui est encore en cours.
Dans le contexte des révélations d’abus et d’emprise au sein de l’Église catholique, le quatrième temps envisage le sujet sous le regard de la psychologie et de la psychanalyse. Ces disciplines contribuent à une meilleure connaissance des ressorts des relations entre les hommes et les femmes et peuvent aider à mieux s’ajuster aux différentes situations relationnelles entre hommes et femmes mais aussi entre laïcs et clercs.
La cinquième émission propose un voyage en compagnie de Thérèse d’Avila : dans une l’Église et une société qui n’accordaient guère de crédit aux femmes, elle a l’audace de s’appuyer sur son expérience spirituelle et sa relation au Christ pour résister au conformisme et créer des espaces nouveaux. Un programme qui reste inspirant pour aujourd’hui.
La dernière étape nous ramène aux femmes et aux hommes laïques qui se voient confier aujourd’hui des missions pastorales au sein de l’Église. Après un historique de ces ministères, la parole est donnée à deux témoins, une femme et un homme. C’est l’occasion de faire le point sur les nouveautés apportées par deux documents du pape François datant de 2020, Spiritus Domini et Antiquum ministerium et sur les ouvertures attendues.
Professeure Catherine Chevalier (UCLouvain)